Notre séjour à Liège nous aura montré que beaucoup de zones d’ombres subsistent concernant les mécanismes impliqués dans la production des sons émis par les poissons. En nous basant sur l’expérience de l’ophidion de baudruche, nous allons nous éloigner temporairement des méthodes scientifiques, pour faire appel à une approche plus intuitive des sons : la démarche concrète, employée par les compositeurs de musique acousmatique, où l’on se fie uniquement au résultat sonore et non pas au mode de production des sons.
Nous faisons ici l’hypothèse que le mécanisme de production d’un son peut aussi être trouvé par l’expérimentation de certaines matières et objets, révélant ainsi les principes intrinsèques propre au son recherché. Nous faisons appel à André Fèvre, bruiteur pour le cinéma, pour nous aider à reproduire le chant des poissons en utilisant des objets apparemment très éloignés d’un muscle sonique ou d’une vessie natatoire. Celui-ci aura toute liberté dans les moyens utilisés pour reproduire ces sons. Nous lui avons fourni préalablement une banque de sons de poissons, intéressants pour leur rythme, leur musicalité, leur étrangeté. Ils seront, à terme, la matière sonore de notre composition. Nous passons deux jours d’expérimentation avec lui, au cœur d’une multitude de matières plastiques…
Ici, les sons produits par les crevettes claqueuses (ou crevette pistolet) sont reproduits à l’aide de ballons de baudruches. Nous testons trois manières de produire le sons.
Le benthos (paysage sonore produit par les invertébrés) peut être modélisé avec une bande magnétique dont les crépitement évoquent les bulles de cavitations produites par les crevettes claqueuses.
Le mérou peut être reproduit avec un pot de peinture et une tige en plastique. Sur le modèle de la cuica brésilienne, nous pouvons faire entrer en vibration le pot en pinçant et tirant la tige avec une main mouillée.
Le son vif de “klaxon” des pelates et térapons peuvent aisément être reproduits avec un petit synthétiseur.