Nous arrivons dans la salle de manipulation où Thomas nous explique le dispositif. Un laser, d’une précision de l’ordre du nanomètre mesure l’enfoncement et le relâchement du poisson, frappé par un marteau piézoélectrique. Le marteau piézoélectrique mesure en Newton l’intensité avec laquelle est frappé les différents endroits du poisson. Des explications sont données aussi sur l’éventuel enregistrement d’artefacts, les défauts et les contraintes de son système de mesure.
Philippe ne manque pas de remarquer l’influence des matériaux qui entourent la vessie et qui pourraient fausser la mesure. Peut-être les autres tissus internes contigus auraient-ils eux-mêmes un comportement visco-élastique, et donc une influence sur les résultats obtenus. Bien sûr, cela varie d’une espèce à l’autre. Afin de vérifier cette influence, Philippe propose de filmer avec une caméra rapide. Il propose aussi de faire des mesure en tapant le plus loin possible du point de mesure du laser. Une mesure est obtenu, l’onde de frappe circule dans le poisson à deux centimètres par millisecondes, soit environ cinq mètres par secondes. Il est noté que certaines vessies étant trop fragiles, il n’est pas possible de frapper assez fort pour étudier suffisamment précisément les cycles de réponse qui pourrait suivre. Il est aussi impossible de travailler à partir de poissons congelés car la fibres est trop endommagée par la congélation. Un autre aspect est pris en compte : le simple fait d’ouvrir le poisson pour atteindre la vessie implique que l’on n’aie pas la totalité de la viscoélasticité naturelle du poisson et le comportement de la vessie est donc faussé. Peut-être en irait-il de même pour les aiguilles et la cire qui servent de support.
Le poisson qui est frappé pour les mesures ne possède pas de muscle sonique. Il est toutefois intéressant pour ses capacités auditives. Il s’agit de la carpe koï. Cette carpe possède une chaîne de Weber, c’est-à-dire une chaîne de quatre os qui rapporte et amplifient la vibration sonore jusqu’à l’oreille interne. Michael Fine, qui a beaucoup étudié la production du son chez certains poissons a quand à lui travaillé sur le poisson crapaud. Ce poisson semblerait être la référence des poissons. Le sens des fibres de la vessie natatoire a été étudié.
Eric reviens avec une caméra pour filmer en accéléré. Nous essayerons en vain de la mettre en fonctionnement. Pendant ce temps là, la vessie natatoire de la carpe koï sèche… Philippe, Lia et Térence réfléchissent à une méthode pour simuler l’ensemble muscle / tendon / vessie, à l’aide de haut-parleur et de couches de latex. L’emploi du pot vibrant du Liphy est évoqué.